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lundi 20 novembre 2006

TIME HAVE A SECRET

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» Le dessous des cartes
» L'enfer, c'est pas nous, je te le jure, c'est vraiment les autres.
#1 02-11-2006 15:39:18
mario kekic
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L'enfer, c'est pas nous, je te le jure, c'est vraiment les autres.
http://bishnouf.spaces.live.com/time is cometimebuster make a better world whis eve-online and high-jack !http://www.hacker.comhttp://www.supercars.nethttp://www.microsoft.com
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#2 08-11-2006 01:38:26
mario kekic
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Re: L'enfer, c'est pas nous, je te le jure, c'est vraiment les autres.
http://encyclopedia.thefreedictionary.com/timebusterHwo need to know every thing about memario kekic online
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#3 08-11-2006 01:39:40
mario kekic
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Re: L'enfer, c'est pas nous, je te le jure, c'est vraiment les autres.
need 2 know how prise 2 play
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#4 08-11-2006 05:42:53
mario kekic
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Re: L'enfer, c'est pas nous, je te le jure, c'est vraiment les autres.
la retraite c'est la mort aux traitres !Les savoirs dominants s’effondrent. Non comme les twins towers se sont effondrées, laissant derrière elles un nuage de poussière qui alimente la mythologie-guerre, mais plutôt comme s’affaisse une forme sur la surface d’un écran de Tetris, ou mieux, comme s’évanouit un corps venant de se faire embrasser jusqu’à la morsure par une amante vampire.Parler de cet affaissement des formes et des corps pendant qu’il est en train de se produire est en soi un exercice de révélation tactique. C’est faire avec Haraway du « bruit intentionné », de la « contamination stratégique ». Dans l’état actuel de micro_guerre_totale pour la domination de la production des codes, donner une véritable cartographie des savoirs situés, un plan complet des vecteurs de critique des savoirs et langages dominants, reviendrait à renoncer au jeu. Il s’agira plutôt d’identifier certains déplacements des savoirs dominants vers une multiplicité de savoirs locaux ou minoritaires. Cette cartographie se veut donc partielle et schématique, une simple simulation textuelle, une collection de traces lumineuses déjà disparues qui cherchent à s’inscrire aujourd’hui dans la mémoire politique. Les anormaux peuvent-ils devenir experts ? Les subalternes peuvent-ils parler ? Quel type d’objectivité peut produire une expertise des anormaux, des trans, des intermittents, des handicapés ou des drogués ? Quel peut être le savoir adéquat à un temps postorganique ? Il revient à Donna Haraway d’avoir kidnappé l’expression « situated Knowledge », « savoir situé », du domaine de la pédagogie expérimentale, et plus concrètement de la recherche des relations entre apprentissage, savoir et contexte, pour initier dans le féminisme un déplacement des débats épistémologiques sur l’objectivité vers une généalogie politique des savoirs.Le savoir situé émerge comme une réponse au double bind dans lequel se trouve l’épistémologie féministe à la fin des années 80 dans sa définition de l’objectivité : d’une part entre le modèle du « constructivisme social radical », et l’« empirisme féministe »; et d’autre part, entre le « savoir subjugué » et les éthiques du consentement informé.Voici les limites du débat épistémologique. Selon Haraway, d’un côté le constructivisme considère toute forme d’objectivité scientifique comme étant le résultat d’un exercice rhétorique, l’effet des tensions entre différents acteurs sociaux dans un champ de forces. Ici, la science devient texte et champ de pouvoirs. De l’autre, l’empirisme féministe de Harding, au-delà de la radicale contingence historique des modes de productions de savoir, affirme la possibilité d’une forme d’objectivité féministe. Le premier modèle conduit selon Haraway à une herméneutique totalitaire : objet et sujet de la science sont réduits à des instances rhétoriques produisant des positions politiques cyniques et désengagées. Mais, dans l’ère de la domination informatique, le féminisme ne peut se permettre ce luxe moderniste et romantique. Toutefois, Haraway se distancie du modèle de Harding : héritier d’un certain humanisme marxiste, l’empirisme féministe reste dépendant des épistémologies transcendantes qui aspirent à un savoir pur et présupposent un sujet du savoir innocent et indépendant. Face aux autorités scientifiques universelles et aux relativismes culturels, Haraway soutient la possibilité d’un savoir situé comme pratique de l’objectivité subalterne. Il ne s’agit pas d’aller au-delà des deux modèles précédents ou de les dépasser à travers un Aufhebung dialectique, mais plutôt de les traverser pour les pervertir. Aussi bien le constructivisme radical que l’empirisme féministe se laissent contaminer par un savoir_vampire.La frontière : site de production de savoirLe savoir situé semble immédiatement faire référence à un lieu, une position, une localisation ou un site ; mais, une des complexités de cette notion est qu’elle vient à ébranler le lieu même de production du savoir. Alors, Savoir = Lieu, mais de quel lieu s’agit-il ? Ce lieu est une brèche, l’effet d’une série de déplacements : 1. des théories et mouvements anti-coloniaux vers une critique postcoloniale ; 2. du féminisme hégémonique hétérocolonial vers une critique de la construction transversale de la race, du sexe, du genre et de la sexualité... ; 3. des politiques des identités vers des politiques post identitaires ; 4. des politiques du corps vers des cyborgologies dénaturalisées.1. On assiste à un glissement des philosophies du temps vers des philosophies de l’espace. La différence (non plus ontologique mais plutôt épistémo-politique) n’est plus déterminée par une qualité essentielle (anatomique, linguistique, symbolique, économique...) mais par une irréductible pluralité des lieux. Le savoir n’est ni abstrait ni délocalisé. Il n’existe pas en dehors d’une géographie précise. Walter Mignolo appelle « géopolitique du savoir » ce double procès de « spatialisation du savoir » et de « politisation du lieu » : « La conséquence la plus importante de la géopolitique du savoir est de comprendre que le savoir fonctionne comme les super flux de l’économie globalisée ». La guerre des savoirs vampires est une lutte pour le décentrement géopolitique de loci de l’énonciation scientifique.On est dans une condition « glocale ». On habite une multiplicité d’espaces de friction, de zones frontalières. Les subalternes ne sont plus dans une simple extériorité coloniale ou sexuelle. Le savoir situé ne constitue pas une transgression venant des marges de la normalité (raciale, sexuelle, économique...). Aussi bien Paris qu’Avignon, le pénis-bio que la prothèse, sont devenus des zones hybrides de contact, de superposition. Chacune des villes et chacun des organes sont simultanément proches et distants, familiers et exotiques, intimes et étranges. À la différence des narrations anticoloniales, féministes et homosexuelles des années 70, qui établissaient des oppositions binaires entre colonisateurs et colonisés, ou normaux et pervers, tout en réservant à ces derniers un lieu d’extériorité morale, culturelle et même métaphysique par rapport à leurs oppresseurs, les savoirs postcoloniaux, queer et trans, entendent les régimes de normalisation coloniale ou sexuelle comme un champ de forces sans dehors possible. Il y a une pluralité de mondes qui ne sont néanmoins pas complètement extérieurs les uns des autres. Leibniz se laisse mordre au cou par Spinoza le vampire.Les premiers discours postcoloniaux surgissent de cette condition tectonique de frottement. Le non-lieu ou le contre-lieu d’émergence des savoirs situés est la frontière. Certains précurseurs des savoirs situés, experts des frontières : Franz Fanon, Aimé Césaire, Edouard Glissant. On trouve ici des narrations contre-coloniales qui n’accentuent pas l’autochtonie mais plutôt les zones de contact, les identités transversales et les espaces hybrides. Il s’agit de l’espace propre aux langues et identités créoles, métisses, mulâtres, post-indigènes. Dans une autre plaque géopolitique, le créateur des Subaltern Studies, Ranajit Guha, parle de construire une nouvelle historiographie. Si l’indépendance de l’Inde avait été conquise en 1947, il est temps maintenant de chercher « l’émancipation par rapport à l’épistémologie coloniale ». Face au paradoxe constitutif du sujet colonial, Guha émet une critique anti-épistémologique radicale : les méthodologies scientifiques hégémoniques (aussi bien des sciences dures que des sciences humaines) et leurs catégories ne sont pas simplement incapables de révéler la subjectivité des subalternes, mais produisent plutôt elles-mêmes la condition de subalternité.La question est : comment produire un savoir capable de rendre compte des agencements historiques des sujets subalternisés pas la colonisation ? Alors que dans les années 80, Spivak avait diagnostiqué avec un certain pessimisme épistémologique l’effacement systématique de la voix du subalterne dans le texte impérialiste, quelques années plus tard Bhabha, Mohanty, Alexander...et Spivak elle-même affirmeront l’existence de langages subalternes dans les fractures entre plusieurs discours hégémoniques. Loin d’une non-traductibilité radicale de la condition de subalternité, la critique postcoloniale réclame le statut frontalier de tout langage : il n’y a pas de langage qui ne soit produit de la traduction, de la contamination, du trafic. Si le savoir dominant se caractérise par une prétention au monolinguisme, alors les savoirs situés sont des hétéroglossies. Le savoir_vampire est une technologie de traduction entre et à travers une multiplicité de langues qui se dressent contre la sur codification de toutes langues dans un langage unique.2. Au cours les années 80, de nouveaux discours « glocaux » émergent dans une autre zone de friction, entre les États-Unis et l’Amérique centrale et du sud, mais aussi entre la pensée universitaire dominante et les langages du féminisme noir, chicano, lesbien et trans. Le Féminisme émancipationniste va être dénoncé par ses marges comme un savoir hégémonique. Le terme postféminisme enregistre ce déplacement du lieu de l’énonciation d’un sujet universel « femme » vers une multiplicité des sujets situés. De Lauretis parle d’une « rupture constitutive du sujet du féminisme » qui dérive de « la non coïncidence du sujet du féminisme avec les femmes ». Ce sujet excentrique du féminisme est le cyborg d’ Haraway. Il s’agit d’un bouleversement conceptuel des débats autour de l’égalité/différence, justice/reconnaissance, mais également essentialisme/constructivisme vers les débats autour de la production transversale des différences. Transféminisme est la forme que prend le féminisme quand il court le risque de la situation en multiplicité.Le recours essentialiste à une seule notion de différence sexuelle ou de genre (essentialismes biologiques de la génitalité ou de la reproduction sexuelle, essentialismes marxistes dominés encore aujourd’hui par la notion de « division sexuelle du travail » ou par celle plus à la mode de « féminisation du circuit productif », essentialismes linguistiques ou symboliques) se voit aujourd’hui débordé par une analyse transversale de la production des différences. Il ne s’agit pas simplement de prendre en compte la spécificité raciale ou ethnique de l’oppression comme une variable de plus à côté de l’oppression sexuelle et de genre, mais plutôt d’analyser les espaces de superposition entre genre, sexe et race (la sexualisation de la race et la racialisation du sexe) comme des processus constitutifs de la modernité sexocoloniale. La race, la classe, le sexe, le genre, la nationalité...n’existent que comme faisant partie d’un réseau complexe de relations mutuelles. Il ne s’agit pas d’additionner politique homosexuelle, politique du genre, politique anti-raciste...Il s’agit d’inventer des « politiques relationnelles » (Avtar Brah, 1996), de créer des « stratégies d’intersectionnalité politique » qui défient les espaces de « croisement des oppressions », d’interlocking opressions.Voici quelques figures liminaires qui opèrent comme des indices de situationnalité : la « frontera » et « la peau » de Gloria Andalzua, la « batârde » et la « malinche » de Cherri Moraga, le « cyborg », le « coyote », le « virus », le Modest_Witness, l’OncoMouseÔ, le FemaleManÓ de Donna Haraway, « le sujet nomade » de Rosi Braidotti, « l’intellectuelle organique » d’Aurora Lewis, la « mimesis déviée » de Hommi Bhabha, le « drag » et la « citation subversive » de Judith Butler, le gender blending de Kate Bornstein, « l’hermaphrodyke » de Del Lagrace Volcano, « le gode » ou « la prothèse » de Preciado, la « trans-formation » de Terre Thaemlitz...Toutes ces notions délégitiment la pureté, la téléologie et l’unidimensionnalité des savoirs produits par les représentations de la modernité sexo-coloniale.3. Le savoir situé s’oppose aussi au savoir subjugué et aux éthiques du consentement informé. D. J. Haraway branche en circuit fermé Foucault, Marx et le technolibéralisme pour produire un scratching. La boucle dit : savoirs = communautés = pouvoirs.Le savoir subjugué n’est pas immédiatement un savoir situé. La subordination n’est pas une plateforme innocente produisant de l’objectivité. « La subordination, dit Haraway, ne constitue pas un sol pour une ontologie ». Face à l’évolution des politiques des identités des dernières 30 années, Haraway critique la facilité des savoirs subjugués à devenir des forces de normalisation et de naturalisation : institutionnalisations des politiques des genres, politiques gays et lesbiennes assimilationnistes, essentialisations nationalistes des projets anticoloniaux... Au pire, les savoirs subjugués tendent à l’élaboration des expertises_ victimes, à la naturalisation de l’oppression, à la construction d’un sujet politique fondateur (la femme, le prolétaire, l’homosexuel, le chômeur, l’artiste, etc.) et à la production de dehors constitutifs (les putes, les working poor, les trans, les intermittents, les travailleurs du sexe, etc.) comme condition de l’action politique. « Les positions des subjugués, dit Haraway, ne sont pas exemptes des ré-examens critiques, des décodifications, des déconstructions et des interprétations...L’identité ne produit pas de science ; la position critique si. » (Haraway, 1988, 586-7) Le savoir situé ne peut être non plus confondu avec les éthiques de consentement informé : des variantes ultra libérales du supercapitalisme global qui promeuvent l’accès au savoir (de l’usager, du malade, du travailleur) comme une condition de possibilité des choix informés dans un monde d’individus libres et égaux devant la loi.Les épistémologies contre-hégémoniques se débattent entre deux sujets impossibles : d’une part, un sujet sphérique de l’histoire oppositionnelle (soit les « femmes du Troisième Monde », soit le sujet « queer », soit les paria de la terre...), un sujet révolutionnaire ultime qui opère comme moteur de l’histoire et qui, paradoxalement, peut parler au nom de tous ; d’autre part, un sujet éclaté par l’accumulation statistique des différences multiculturelles avec leurs savoirs bien informés. Dans le premier cas, on glisse progressivement vers une sorte d’internationalisme cosmopolite paria-queer ; dans le deuxième, nul besoin d’alliances politiques, mais plutôt de stratégies de com, de mécanismes de défense des droits des minorités (droits des femmes, des gays, des malades... en tant qu’ils sont aussi des consommateurs fidèles toujours à la recherche de plus de représentation et de plus de visibilité.Au risque de tomber à nouveau dans un universalisme des méta-oppressions, on ne peut plus continuer à utiliser aujourd’hui le mot « queer » pour parler d’un savoir mineur ou local. Récemment en Europe et depuis déjà quelques années aux États Unis, le mot queer s’est vu surcoder, recoloniser par le discours dominant : Ardisson avait déjà déposé le mot queer en 1998 à l’INPI, mais il faudra attendre 2004 pour voir apparaître toute une série de discours normalisants aussi bien médiatiques (pinkinisation des identités), qu’académiques qui vont s’annexer l’épithète queer pour le prendre dans leurs propres effets de savoir-pouvoir. L’actuel contexte de réappropriation exige un déplacement encore plus vertigineux. Ma propre formulation « multitudes queer » est aujourd’hui un agencement politiquement obsolète. Queer ne peut constituer un sol lisse pour soutenir l’ ensemble des savoirs mineurs des genres, des sexes et des sexualités. Désolée pour les gourous, mais nous sommes en face d’une impossibilité constitutive de totaliser la critique. Il n’y a pas d’expert des experts locaux. Il est nécessaire de maintenir la fragmentation de l’énonciation en devenir : agencements transpédéféministesmusulmanogouines....Cela n’implique pas l’impossibilité d’une alliance locale des multiplicités ; bien au contraire, une alliance mineure n’existe que dans la multiplicité de l’énonciation, comme coupe transversale des différences.Il ne s’agit pas de choisir entre un savoir hégémonique et voyou, et un ensemble de savoirs communautaires innocents et non-commensurables. Il n’y a pas de résolution pour une telle dialectique, puisque la dialectique et sa résolution sont elles-mêmes des figures du savoir unique. Il n’y a pas une forme privilégiée d’opposition mais une multitude de fuites. Le savoir situé ressemble, dit Haraway, au jeu « cat’s cradle » : il ne se donne pas en tant qu’opposition, ni en tant que résolution dialectique, mais en tant que connexion rhizomatique.L’objectivité située ne vient ni d’une subjectivité individuelle ni d’une identité essentielle. Elle est connexion synthétique des séries hétérogènes. Savoirs = Communautés = Pouvoirs. Le savoir situé n’est jamais le savoir d’un lieu privé ou individuel (mes gènes, mon genre, mon travail, moi, mon choix), mais agencement collectif, produit d’une « relation transversale des différences à l’intérieur et à travers les communautés ». Le savoir situé est la nuit de noce collective, le Sabbat des sorcières digitales.Le sujet du savoir situé ne coïncide ni avec une identité essentielle, ni avec un sujet universel, il est simplement, dit Haraway, un « Modest_Witness ». Haraway prend l’expression de « Témoin_Modeste » de la méthode expérimentale de Robert Boyle comme méthode contextuelle déterminée par la pratique d’être témoin et par la relation de la vérité à une communauté de savoir - face aux détracteurs de la méthode expérimentale comme Thomas Hobbes, qui défendait un savoir unique et transcendant, indépendant des communautés desquelles il émane. Le sujet du savoir situé est un vampire. Il est nécessaire de mordre ou d’être mordu pour savoir. Être témoin de sa propre mutation. Prendre le risque de l’alchimie. Le terrain de l’épistémologie craque pour ouvrir un espace éthico-politique : « être témoin », pour Haraway, dépend de la relation constitutive entre « tester » et « attester » . « Être témoin, c’est voir, attester, se rendre publiquement responsable de, et physiquement vulnérable à, ses propres visions et représentations. » Voir toujours avec l’autre mais jamais à sa place. Le vampire, le Témoin_Modeste, plus qu’un sujet dans le sens politique ou métaphysique du terme est une meute, une bande, une multiplicité, un processus de mutation : « le vampire pollue les lignées pendant la nuit de noces...effectue des transformations des catégories à travers un passage illégitime des substances...il infecte le cosmos, la communauté organique fermée ». (Haraway, 2000,150). Le vampire est trans. De là cet étrange impératif : ou bien cesser la politique, ou bien faire de la politique comme un vampire.4. Savoir situé est le nom que donne Haraway à la forme d’objectivité scientifique féministe propre au corps postorganique : « embodied objectivity », objectivité incarnée. « L’objectivité devient une forme spécifique et particulière d’incarnation, non pas une fausse vision promettant la transcendance de toutes les limites et responsabilités. La morale est simple : seule la perspective partielle promet une vision objective ». « L’objectivité féministe incarnée » ne fait pas référence à « un site fixe dans un corps réifié, un corps femme ou autre » (Haraway, 1988, 589), mais plutôt au corps en tant que prothèse technobiopolitique. Le lieu de l’objectivité n’est pas un corps prédiscursif libre de toute intervention technologique, mais un corps technoorganique, une subjectivité prosthétique qui a déjà incorporé la technologie. Le sujet du savoir situé est une interface corps_technologie.Le lieu de production de savoir et de vie est en mutation. Dans cet espace propre aux savoirs_vampires, règnent les états intermédiaires entre la vie et la mort : la vie végétative, la mort cérébrale, les hormones, les embryons, les virus, etc. Si, comme le voulait Foucaul,t il s’agit d’une biopolitique, cette biopolitique ne peut se caractériser simplement comme une politique du vivant, mais plutôt, comme « une informatique de la domination des corps techno-vivants » (Haraway, 2000,162) Nous sommes passés d’une société industrielle à un système polymorphe et prosthétique d’information. Nous enregistrons un déplacement des modèles physiques et thermodynamiques (théories de la répression, de la lutte, de la résistance...) vers des modèles cyber-textuels, mais aussi épidémiologiques et immunologiques dans lesquels existe une primauté de l’écologie politique. Pourquoi résister alors que nous pouvant muter !Le cyborg (terme inventé en 1960 par Manfred Clynes et Nathan Kline pour nommer un rat de laboratoire à qui avait été implanté une bombe osmotique et un système de contrôle cybernétique) de Haraway n’est que l’une des figures pour désigner cette condition d’incorporation prosthétique. Toutes les lignés d’héritage de la supermodernité se croisent dans le cyborg : l’automatisation du travail, la sexualisation de la machine, la computerisation de la guerre, et la digitalisation de l’information. Le corps du savoir situé est en même temps une créature organique et artificielle, un système technovivant. Mais attention ! la vie cyborg n’est pas l’existence mécanique de l’ordinateur mais plutôt, comme nous l’apprend Chela Sandoval, « la vie d’une fille qui travaille à griller des hamburgers et qui parle le langage-MacDonalds » (Sandoval, 2000). Le corps postorganique existe dans les interstices, entre les oppositions qui constituent la supermodernité : animal/humain, mécanique/organique, blanc/noir, masculin/féminin, hétéro/homo, bio/trans...Ce trans_sujet est « le monstre » dont Haraway attend de nouveaux projets politiques (Haraway, 1992).Le laboratoire : la nuit des noces des experts_revenantsL’accès des subalternes aux technologies de production de savoir, le déplacement du sujet de l’énonciation scientifique, génèrent une rupture épistémologique. En 1976, Foucault identifie cette rupture et la nomme « retour des savoirs assujettis ». C’est la nuit des morts-vivants de la connaissance. Ceux qui avaient été produits jusqu’à maintenant comme objets de l’expertise médicale, psychiatrique, anthropologique ou coloniale, les subalternes, les anormaux vont réclamer progressivement la production d’un savoir local, un savoir sur eux-mêmes qui questionne le savoir hégémonique. C’est un processus de « friabilité générale des sols », un effondrement opéré par la multiplicité « des critiques discontinues et particulières ou locales » (Foucault, 1976,163) : « Il s’agit en fait de faire jouer des savoirs locaux, discontinus, disqualifiés, non-légitimés, contre l’instance théorique unitaire qui prétendrait les filtrer, les hiérarchiser, les ordonner au nom d’une connaissance vraie, au nom des droits d’une science qui serait détenue par quelques-uns. » Codes des genres, variations des sexes, identités sexuelles, morphologies corporelles, techniques de management des affects, franges entières du temps dédiées à la relation et à l’attention au vivant deviennent propriétés à l’intérieur des régimes régulateurs du Supercapitalisme. Autant de labels des industries culturelles et médiatiques, mais aussi des brevets des compagnies pharmaceutiques et médicales. Pratiques de mensuration telles que tests hormonaux, expertises psychiatriques ou juridiques, tests génétiques, mais aussi écographies in utero, protocoles d’assignation et de changement du sexe, bilans professionnels, tables de rentabilité du travail et de production, programmes de planification familiale...font partie du travail techno-discursif des sciences pour reproduire la matérialité du vivant dans le circuit Sexe-Capital. C’est ça la « biopolitique du corps postmoderne » (Haraway, 1989). Dans cet espace visqueux se situent les mouvements postféministes, black, pédés, gouines, trans, mais aussi des groupes tels que Act Up, PONY, ou encore les mouvements des intermittents, postporno, le mouvement cripple, precarias a la deriva, les sexyshocks, etc...Une pluralité multiforme des meutes s’élève contre les processus de capitalisation du vivant. Un Evangelion taille une cyberpipe au docteur Ikari avec une telle précision qu’il lui fait une vaginoplastie, tout en enregistrant un porno-trans-gore. Nous assistons à un processus multiple de ré-appropriation des technologies de production des objets bio-discursifs tels que le sexe, le genre, la sexualité, mais aussi la race, la reproduction, la maladie, le handicap, le travail, ou même la mort. Autant d’objets de connaissance produits par les discours biomédicaux, psychologiques ou encore économiques qui, loin d’être des entités textuelles, prennent la forme du vivant. Frankenstein ouvre un bureau d’expertise « freak » à Silicone Valley. L’objet du savoir (le pervers, le chômeur, la pute, l’artiste, le criminel...) devient agent à travers l’analyse et le détournement des discours et des techniques qui l’avaient produit en tant qu’espèce à contrôler. Ici, « la localisation est elle-même autant une construction complexe qu’un héritage ». Ces « nouvelles technologies de positionnement » sont les lieux d’où les assujettis se réapproprient « un savoir de l’anomalie, avec toutes les techniques qui lui sont liées ». C’est une politique dénaturalisée, structurée autour des liens synthétiques d’affinité, une politique qui connecte des différences, qui établit des alliances rhizomatiques dans la discontinuité et non pas dans le consensus, une politique faite de « réseaux de positionnements différentiels » (Chela Sandoval, 2000).Commence ici une transvaluation de la relation traditionnelle entre esthétique et politique : on parlera de politiques des affects ou d’esthétiques cellulaires. Cette même équation se reproduit dans un chiasme où se croisent la théâtralisation de l’espace politique (politiques performatives) et l’expérimentation vertueuse dans le domaine de la subjectivité (esthétique cyborgologique). Il s’agit d’un spinozisme des micro-passions politiques : un laboratoire pour l’expertise dans lequel les corps testent collectivement des formes de vies. La politique devient sorcellerie.Que vas faire le RHULL quand il sortira de sa grotte ?TIME IS NEVER FADES
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#5 12-11-2006 15:39:25
mario kekic
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Re: L'enfer, c'est pas nous, je te le jure, c'est vraiment les autres.
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#6 15-11-2006 20:33:51
mario kekic
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Re: L'enfer, c'est pas nous, je te le jure, c'est vraiment les autres.
Rédigé par: MARIO KEKIC le 10 novembre 2006 à 15:27Je constate que j’ai deux sortes de refractaires !1°) Les courrageux qui ont les c……. de donner leurs identité (bravo ! Respect !)2°) Les petites âmes planquées qui croient se cacher derrière un pseudo.http://www.hacker.comTIME KNOW YOUR REAL NAME http://www.superstar.com
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#7 Aujourd'hui 19:12:08
mario kekic
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Re: L'enfer, c'est pas nous, je te le jure, c'est vraiment les autres.
LE SECRET DU SERVICE Par Mario Kekic Editions Gallimard Paris (franceoise Lehmann) Toute ressemblance avec des faits ou des personnages rééls serait voulue et excacte PROLOGUE Espionage is a serious business realy serious !!! A tous les escrocs, bandits, truands, gangsters, forbans, fripouilles, hors-la-loi, mafiosi, criminels, malfaiteurs, pirates, vauriens, saboteurs, canailles, débauchés, gibiers de potence, loubards, arsouilles, coquins, affranchis, malfrats, coupes jarrets, détrousseurs, pillards, vandales, iconoclastes, brigands, scélérats, larrons, terreurs, sacripants, malandrins, desperados, bons à rien, apaches, chenapans, gredins, voyous et autres voleurs d’idées. Début décembre 1993, Lausanne, 00H30. Fuyant précipitamment la clarté électrique des réverbères, dans un épais brouillard à couper au couteau, Zoltan Sonic s’engagea hâtivement dans l’antre sombre d’une sinueuse ruelle isolée sur les hauteurs de la ville. Glacé jusqu’aux os par l’humidité hivernale de cette nuit épouvantable, à bout de souffle après une interminable course effrénée, il reprit sa respiration et jeta brièvement un coup d’oeil sur le cadran de sa montre. Eprouvé par une heure de poursuite infernale, il tentait vainement d’échapper à l'acharnement de ces deux maudits véhicules, qui le pistaient sans relâche à travers la cité. Alors qu’il pensait enfin avoir disparu dans les ténèbres, la rue s’illumina d’un coup de leurs phares éblouissants. Pris en tenaille par les chasseurs obstinés, finalement piégé à sa gauche comme à sa droite, l’unique option était de sauter dans le ravin surplombant Lausanne ; où alors, cette fois-ci il serait pris. S'élançant instinctivement dans le vide, après une cabriole de quelques mètres, il dévala une pente abrupte, charriant avec lui, terre, sable et gravats. Au pied du ravin, après avoir secoué ses vêtements pour en retirer la poussière, puis s’être débarrassé des petits cailloux rentrés dans ses chaussures pendant sa chute, il parvint à se dérober en se réfugiant dans une taverne. Au fond du troquet, autour de quelques chopes de bières, dans une lourde atmosphère embuée et viciée par le tabac, plusieurs groupes de joueurs quinquagénaires pariaient leur argent au rami poker. S’approchant près du comptoir, Zoltan s’adressa au barman et lui commanda un café, qu’à peine servi, il avala aussitôt d’une seule gorgée. Quelle sale histoire ! Tout en remarquant qu’un peu de marc était resté sur le bord de la tasse, il se remémora les deux dernières semaines passées. C’était à Paris, qu’il avait répondu à cette petite annonce du « Figaro » qui proposait du travail à l’étranger. Ayant pris rendez-vous dans un centre d’affaires près de l’Opéra, il avait rencontré un certain Michaël Simoun. Ce dernier, fort séduit par son talent inné de persuasion, lui offrit immédiatement un poste de commercial. Zoltan devrait vendre des gravures holographiques en porte à porte. En contrepartie, il toucherait trente trois pour cent de commission journalière nette, sur le chiffre d’affaire qu’il réussirait à réaliser quotidiennement. Ce qui d’après Simoun, représentait le salaire mirobolant de mille francs suisse par jour ; une véritable petite fortune. Important d’Angleterre les fameuses « héliogravures », il expliqua vaguement que celles-ci étaient spécialement fabriquées pour lui à Londres, par un procédé d’exploitation unique utilisant le laser. Ayant reçu sur place, l’argent pour couvrir les frais de transport, Zoltan accepta la proposition et dès le lendemain, il embarqua dans un « TGV » en direction du pays des Helvètes. La veille, de son côté, Simoun fit le voyage en avion. Après avoir récupéré Zoltan à la gare de Genève, il l’emmena aussitôt à l’hôtel, mais lui laissa à peine le temps de déposer son sac de voyage dans sa chambre. Installée dans la salle de restaurant, toute l’équipe au grand complet attendait impatiemment leur arrivée autour d’un apéritif. Après avoir bu un dry martini, Simoun s’éclipsa pour retrouver sa femme chez lui. Lors du dîner, Nicolas, son responsable de secteur, exposa à Zoltan sa mission en détail. Le lendemain matin, dès neuf heures, le commando arriva sur un secteur pavillonnaire. Toutes les quarante-cinq minutes, Nicolas récupérait chaque vendeur à l’endroit ou il l’avait laissé. Ces pauses fréquentes permettaient de réassortir régulièrement tous les tableaux vendus. Les responsables d’équipe de Simoun jouissaient de la prérogative de conduire de véritables limousines de luxe, de gigantesques « 4x4 », ou même de somptueux « monospaces », avec sièges en cuir et vitres fumées. Privilégiant exclusivement la location de courte durée, ce système très pratique les autorisait à alterner régulièrement tout les différents modèles proposés, préservant ainsi la discrétion pour circuler incognito dans le petit pays. En vendeur chevronné, Zoltan rapportait un chiffre d’affaire quotidien de plus de trois mille francs suisses. La rémunération se faisait chaque soir à la remise de la recette. Ne s’occupant que de ses propres affaires, en quinze jours, il parvint à réunir une somme considérable. Après le travail, les vendeurs dînaient ensemble au restaurant et parfois même, ils sortaient en boite de nuit pour se changer les idées et faire la fête jusqu’au petit matin. Le week-end en général, ils skiaient à « Verbier », une station suisse de renom. Cette situation semblait idéale, pourtant Zoltan s’aperçut très vite que Simoun en authentique despote, était en réalité un véritable tyran avec ses employés. Sa femme Charlotte elle-même, n’échappait pas à la règle. Bien que très belle, son mari n’hésitait pas à la tromper ouvertement avec Laurence, l’une des chefs d’équipe. Son organisation quasi mafieuse, se trouvait être une véritable secte commerciale. Presque personne dans sa société, ne possédait de contrat de travail. Alors qu’embauchés au noir, ses vendeurs se trouvaient constamment sur les routes de Suisse, personne n’avait évidement ouvert de compte en banque. C’était le patron qui gardait l’argent de tout le monde dans son coffre. Il rabaissait sans cesse son personnel et quelquefois même, il n’hésitait pas à décrocher un coup de poing sur les employés pour affirmer son autorité. Zoltan qui ne lui accordait que très peu de confiance, préférait garder tout son argent dans son portefeuille. Il avait remarqué que la plupart de ses collègues étaient de jeunes paumés d’à peine dix-huit ans, en général tous recrutés en France. Lors ce qu’à bout de souffle, ces malheureux n’arrivaient plus à vendre suffisamment, Simoun n’hésitait pas à les abandonner au coin d’une route et bien entendu il conservait toutes leurs économies. Comme ils n’avaient pas de permis de travail, ils ne pouvaient évidemment se plaindre à personne. De plus, ils étaient trop jeunes et trop inexpérimentés pour s’attaquer à cet esclavagiste. De nationalité Suisse, Simoun, fort bien protégé par son argent, usait régulièrement de corruption, en disposant d’un vaste réseau d’influence. Ce week-end, tous les vendeurs étaient invités, dans la plus prestigieuse boite de nuit de Lausanne. Comme à l’ordinaire, le patron était odieux, n’hésitant pas à embrasser sa maîtresse devant sa femme. Pour ne pas se rabaisser au niveau de sa rivale, Charlotte n’extériorisait pas son amertume. Elle proposa discrètement à Zoltan de l’accompagner fumer un joint dans les toilettes. Superbe rousse d’un mètre soixante cinq, Charlotte était vêtue ce soir-là d’une belle robe noire, courte et légèrement transparente. Excédée par ces humiliations conjugales, brûlante de désir, elle se colla âprement contre Zoltan, puis soulevant sa cuisse droite, elle l’obligea quasiment à la prendre debout contre le mur. L’irruption de Simoun dans les toilettes, le fit écumer de rage. Fou de jalousie, il bondit sur son rival, ameutant immédiatement toute son équipe à la poursuite de ce dernier. Zoltan réussit pourtant à se dégager et à s’enfuir, mais Simoun voulait absolument sa peau, afin d’en faire un exemple et ne pas perdre la face auprès de ses employés. Et voilà comment Zoltan s’était empêtré dans cette situation critique. Quittant le bar à l’intérieur duquel il avait trouvé momentanément refuge, il se dirigea vers le centre de Lausanne. De son côté, toujours à ses trousses, Simoun patrouillait sans relâche à bord de son « 4X4 ». Rasant les murs de la ville, Zoltan réussit tout de même à rejoindre la gare, mais en s’apercevant que le « Voyager » de Nicolas l’y attendait déjà, il se retrancha aussitôt dans un night-club, ou il passa le reste de la nuit enfin en sécurité. Au petit matin, tout le centre ville grouillait de monde. Sachant bien que Simoun enverrait son sinistre comité d’accueil, Zoltan décida d’abandonner ses vêtements restés à l’hôtel. Sans états d’âme, il sauta dans le premier train pour Genève ou il pouvait embarquer dans un « TGV » en direction de Lyon. Dans le train à grande vitesse qui le ramenait en France, Zoltan était installé près d'une ravissante jeune femme brune. Lors du contrôle des billets, celle-ci présenta son passeport au contrôleur, lui expliquant qu'elle était arrivé en retard à la gare et qu'elle n'avait pas eu le temps d'acheter un billet de peur de rater le train. Remarquant qu'elle était un peu gênée d'avoir pris une amende, Zoltan la rassura par un sourire complice et pour la mettre définitivement à l'aise, il lui proposa de faire connaissance autour d'un bon café. Nora lui raconta qu'elle s’était enfuie de Genève à cause de son ex-petit ami qui avait voulu la mettre sur le trottoir. Momentanément sans argent, elle ne savait pas vraiment où aller le temps de se faire oublier. Zoltan qui pensait passer les fêtes de fin d'année en famille, proposa à Nora de l'accompagner à Clermont-Ferrand. Sans hésiter, elle accepta de le suivre, se mettant ainsi à l'abri pour un temps. A Lyon, ils montèrent dans un « corail » en direction de la capitale Auvergnate. A destination, un taxi les emmena chez Rico, un ami de Zoltan. C'étaient de vieux copains qui longtemps n'avaient vécus que pour l’aventure. Dix ans auparavant, ils avaient fait ensemble le tour d’Europe en auto-stop, Rico allant même jusqu’en Crête, ou il gagna un peu d’argent en cueillant des olives. Après être rentrés séparément en France, tout deux cherchèrent à nouveau du travail à Nice ou ils restèrent deux ans. Ensuite, ils s’étaient encore perdus de vue, car Zoltan avait décidé de visiter l’Australie, pour à son retour, définitivement partir s’installer à Paris. Rico quand a lui, se pacsa et à présent, il vivait avec sa compagne et ses deux enfants, dans la maison que ses parents lui avaient laissés, avant de quitter la France pour retourner vivre au Portugal. Rico installa ses invités dans la chambre d’ami. Après avoir pris une bonne douche, Zoltan lui demanda de le conduire chez sa mère, qui possédait une villa dans le même quartier. Quelques jours plus tard, c'était à la veille de Noël que manifestement terrorisé, l'oncle de Zoltan téléphona d'Autriche pour demander désespérément de l’aide à sa soeur. Il lui annonça l’horrible nouvelle de la mort de leur frère aîné Vlad, assassiné chez-lui deux semaines auparavant, par des criminels de guerre venus l’expulser de sa maison. Comme il refusait courageusement de céder à cette injustice, ces derniers l’avaient tabassé à mort. Agonisant à terre dans une mare de son propre sang, Vlad fut simplement achevé d’une balle dans la tête. Afin de ne pas lui aussi subir le même sort et sauver sa peau, Joz abandonna sa maison ainsi que tout ses biens, pour fuir la terrible guerre de Croatie. Il avait quitté précipitamment Vukovar, sa pauvre ville martyrisée qui agonisait sous les bombardements, en réussissant à traverser Dieu sait comment la frontière Autrichienne, pour se retrouver seul, sans argent et sans passeport à la gare de Vienne. Voisine de la Yougoslavie, l’Autriche était en ses temps troubles, infestée d'espions. La vie de Joz étant gravement menacée, Zoltan devait absolument aller le chercher sans perdre un seul instant. Afin de réaliser ce périple, sa mère lui confia les clefs de sa Peugeot « 505 » diesel. Etant une question de vie ou de mort pour l'oncle de Zoltan, Rico, casanier depuis trop longtemps, n'aurait pour rien au monde raté cette occasion de nouvelle aventure. Il annonça sans hésiter à sa femme que cette année, elle passerait le réveillon sans lui, car ce soir même il prendrait la route avec son ami. Nora qui désirait rester près de Zoltan, venait également. Après avoir fait le plein d’essence, Rico pris le volant en premier. 11H59, le soir de noël, sortie de Grenoble. N'ayant pas d'autres options pour franchir les routes enneigées des Alpes, les grosses berlines à propulsions, Mercedes et autres BMW s'étaient toutes arrêtées sur le bas côté, afin d'équiper leurs pneus avec des chaînes. La Peugeot utilisant quand à elle un système de traction avant, entama sans déraper la longue montée glissante. Après la frontière, Zoltan relaya Rico à la conduite. Il n’avait pas imaginé revenir aussi vite en Suisse et ne pouvait s’empêcher de songer à cette crapule de Simoun en traversant Lausanne. Il roula toute la nuit sans stopper une seule fois et avait déjà atteint Zurich au petit matin. Il faisait encore nuit quand il s'arrêta enfin devant l’entrée de l'hôtel « Intercontinental » où il réveilla Rico et Nora en leur proposant un luxueux petit déjeuner. Après avoir confié les clefs de la « 505 » au voiturier de l'hôtel, tous trois rejoignirent la somptueuse salle à manger baroque. Zoltan appela le garçon et lui commanda du café noir, des viennoiseries, du jus d'orange pressé, ainsi que des oeufs au bacon. Après s'être tous bien restaurés, ils pouvaient à nouveau reprendre leur périple, pour traverser péniblement la frontière Autrichienne au petit jour. La neige verglacée et le brouillard rendant la conduite très périlleuse, il était quasiment impossible de rouler au-dessus de 60 Km/h. La bonne vitesse à adopter pour rester sur la route en toute sécurité se situait entre 40 et 50 Km/h. Néanmoins, par excès de prudence, quelques piètres conducteurs exagérément terrorisés par le mauvais temps persistant, bloquaient dangereusement toute la colonne en roulant à vingt à l'heure. Après trois têtes à queues, heureusement sans conséquence, provoqués par ses premiers dépassements complètement incontrôlés, Zoltan maîtrisa rapidement ce difficile exercice sur neige. Se débarrassant alors des traînards, il réussit à augmenter significativement la moyenne de sa vitesse de croisière. Au bout de deux heures, rejoignant péniblement l'autoroute qui par chance avait été salée pendant la nuit, il passa de nouveau le volant à Rico et s’assoupit en fermant les yeux. Sur le coup de midi, l’équipe enfin arrivée à Vienne, débarqua dans l'ambiance surréaliste du centre-ville. Des voitures se faisaient la course à chaque coin de rue. Observant qu’une fusillade avait éclaté au loin, Zoltan demanda à Rico de se dépêcher de trouver la gare. Après l'avoir enfin dénichée, puis s’être garés sur le parking, Zoltan se mit à chercher son oncle. Dans sa mémoire, il se rappelait un grand gaillard solide et costaud, mais lorsqu'il entendit quelqu'un appeler faiblement son nom dans la foule, il ne vit qu'un pauvre bougre rachitique, mal rasé et habillé presque comme un clochard. En le regardant de plus près, il reconnut enfin son oncle Joz. Après l'avoir embrassé et présenté à ses amis, Zoltan téléphona immédiatement à sa mère pour la rassurer. Comme son oncle n’avait rien mangé depuis plusieurs jours, ils cherchèrent ensemble un restaurant, oubliant même que c'était le jour de Noël; mais l'air autrichien étant relativement malsain pour Joz qui ne s'exprimait qu'en Serbo-croate, ils quittèrent aussitôt la ville et reprirent la route pour la France vers quinze heures. Joz n'ayant pas de passeport, il leur fallait traverser les frontières de préférence la nuit afin d'éviter les contrôles des douanes. Pour le retour, ils prirent un itinéraire différent, traversant le Liechtenstein et l'Allemagne, pour gagner la France par Strasbourg. Presque à bout de souffle, avec une fuite dans la durite, la vaillante « 505 » chauffait dangereusement et pratiquement tout les dix kilomètres, il fallait remettre de l'eau dans le radiateur pour ne pas casser le joint de culasse. Après Lyon, ils choisirent de prendre la route nationale, plus discrète en cas de grosse panne et plus pratique pour leurs arrêts fréquents. C'est finalement le 26 décembre à six heures du matin, qu'ils terminèrent ce périlleux voyage en arrivant sains et saufs à bon port, tous complètement extenués, mais réellement satisfaits d'avoir pu faire aboutir cette épuisante aventure par un dénouement heureux. Il leur fallut douze heures de sommeil réparateur pour récupérer de leur fatigue. La mère de Zoltan avait préparé un grand repas de Noël et pour les remercier de l’immense service rendu à son frère Joz, elle invita Rico, sa famille, ainsi que Nora à la fête. Autour de la joyeuse tablée, chacun racontait à son tour les péripéties de ce voyage éclair. Seul Joz, visiblement traumatisé, n’arrivait pas à se détendre et parlait sans arrêt des horreurs de la guerre. Puis vint le réveillon du nouvel an que Zoltan fêta chez Rico. Après un début de soirée arrosé, ils commencèrent l'année 1994 dans une boite de nuit de Clermont, autour de plusieurs bouteilles de champagne. Les fêtes de fin d’année étant terminées, après avoir embrassé tout le monde, Nora et Zoltan montèrent dans un train à destination de la capitale. Presque cinq heures plus tard, ils étaient descendus gare de Lyon, pour rejoindre le quartier des Halles en métro. Ayant rapidement trouvé une chambre dans un hôtel près de Châtelet, Nora renoua immédiatement le contact avec ses anciennes relations. Elle avait repris son ancien travail dans un « peep-show » de la rue Saint-Denis, où elle exécutait derrière une glace, les désirs des voyeurs qui payaient pour se rincer l'oeil. Le principe était de suggérer aux « pigeons » que s’ils mettaient le prix fort, ils pourraient alors avoir une relation sexuelle avec elle. Naturellement, une fois leur carte visa débitée de plusieurs centaines, voire milliers de francs, ils n’obtenaient aucune autre faveur de sa part, restant toujours derrière la glace la queue entre les jambes. La prostitution étant d’ailleurs un délit, ils ne pouvaient même pas se plaindre à qui que ce soit. Nora racontait à Zoltan que le comble était que ne comprenant toujours pas l'arnaque, certains de ces idiots revenaient se faire plumer de nouveau. Chaque nuit de ce travail singulier lui rapportant environ trois mille francs, elle réservait à Zoltan un tiers de cette somme, afin qu'il puisse payer l'hôtel et qu'il lui reste un peu d’argent de poche. Zoltan ayant finalement découvert que Nora couchait régulièrement avec son patron, n’accepta pas cette situation pour lui-même dégradante et préféra la quitter définitivement. Hystérique à l'idée de le perdre, elle hurlait en pleurant, tout en le frappant de toute sa colère. Lui ne voulut pas répliquer et disparut simplement de sa vie en quittant l'hôtel ainsi que le quartier. Zoltan ne savait vraiment plus ce qu'il avait envie de faire. Avant de partir travailler en Suisse, il partageait l’appartement de Nicole. Mais celle-ci ayant trouvé un nouvel amant, lui avait demandé de libérer les lieux. C’était en partie pour cette raison, qu’il était allé travailler en Suisse. Le mois de janvier s’annonçait glacial et n’ayant plus du tout l’intention de passer l’hiver à Paris, il rêvait déjà du soleil des tropiques. De sa récente mésaventure, fort heureusement, il lui restait encore l’argent qu’il avait pu mettre de côté en travaillant pour Simoun, soit presque dix mille francs suisses. Souhaitant changer d'air et oublier Nora au plus vite, il était décidé à prendre le premier vol disponible pour les Antilles. Chapitre I. La fuite en avant. Océan Atlantique, trois jours plus tard, midi. En repensant après coup à Simoun, Zoltan se disait qu’il avait eu beaucoup de chance de s’en être sorti à si bon compte. Il aurait pu y laisser la vie. Comme personne ne savait qu’il travaillait en Suisse, ce dangereux truand aurait pu le tuer froidement, sans réellement risquer d’être arrêté par la police. A présent, confortablement installé dans ce gros avion aseptisé, il se dirigeait irrésistiblement vers la Guadeloupe. Il avait pourtant réservé en seconde classe, mais sa place ayant été attribuée par erreur à un autre passager, pour le dédommager, la compagnie l’avait placé en première lors de l’embarquement. Une hôtesse de l’air s’approcha de lui. - Désirez-vous un apéritif, Monsieur ? - Bonne idée ! Je voudrais un whisky coca, s’il vous plaît ! - Je vous sers tout de suite, Monsieur ! Devant lui était assise une jeune femme sublime. Zoltan ne pu résister au plaisir de l’aborder. - Bonjour mademoiselle ! Pourrions-nous je vous prie discuter un peu ensemble ? Je trouve que le vol est vraiment long ! - Avec plaisir! Venez donc vous asseoir à coté de moi ! Nathalie était une superbe parisienne qui s’était exilée en Guadeloupe. Elle avait épousé un politicien local influent. Ayant sympathisé avec Zoltan, elle lui donna son numéro de téléphone afin qu’il puisse venir à une grande soirée organisée prochainement par son mari. Arrivé au terminal de l’aéroport de Pointe-à-Pitre, Zoltan chercha d’abord un pied à terre pour déposer ses bagages. Afin d’être certain de trouver un logement, il fonça directement à l’hôtel « Arawak » pour y louer un studio au mois, puis les formalités de location remplies, il sortit dîner au restaurant dans le centre ville. Traversant le « Carénage », un quartier bidonville ultra chaud en plein centre de la capitale Guadeloupéenne, il observa les séquelles du cyclone « Hugo ». Au bord de la route, des marchands ambulants vendaient du poulet boucané, une spécialité locale qu’ils cuisinaient sur des tonneaux métalliques transformés en barbecue de fortune. Plus loin, un petit garagiste louait des véhicules à des prix dérisoires. Pour cent francs par jour, celui-ci proposait de vieilles Peugeot « 104 Z ». Zoltan avait payé un mois de location d’avance, ce qui lui donnerait l’opportunité d’explorer l’île de fond en comble. Tout d’abord, il visita la « Pointe du château », certainement la plage la plus grande et la plus sauvage de toute la Guadeloupe. Au large, il apercevait la Désirade, une île autrefois utilisée comme refuge par les pirates au long cours. En visitant la ville du Moule, un « Rasta » dealer de Marijuana, lui présenta Francky Vincent, le pape du « Zouk » Antillais. Après un bref passage à St Jacques, Zoltan se dirigea vers « les Abymes », puis traversa ensuite l’immense zone industrielle de Pointe à pitre et s’engagea en direction des chutes du Carbet. Celles-ci avaient donné à la Guadeloupe le nom de « Karutera », Ce qui voulait dire en créole, « Pays des eaux magnifiques ». Zoltan avait garé la « 104 », puis il s’aventura dans un sentier touristique, grimpant à cent vingt mètres de hauteur. Il se serait bien baigné dans le lagon au pied de « la cascade aux écrevisses », mais un indigène l’avait prévenu que cette eau était infectée de parasites. En continuant son expédition, il arriva bientôt au pied du volcan de la Soufrière. La nuit était tombée et le groupe « Poukoutan’n » jouait de la musique « Gwo ka ». En créole « Gros quart ». C’était en fait un gros quart de tonneau utilisé pour les salaisons, à partir duquel était fabriqué un grand tambour à main. Le « Ka » ! Musique traditionnelle Guadeloupéenne, le « Gwo ka » honorait le « Lewoz », la grande soirée sportive célébrée par la communauté des coupeurs de cannes. Prenant ses racines dans un rite religieux ancestral, celui-ci avait été importé autrefois par les esclaves Africains. Accompagnés de maracas et de tambourins, le morceau qu’ils interprétaient s’intitulait « La Guadeloupe en dérive ». Zoltan avait passé la nuit près de l’énorme feu qui avait été allumé pour l’occasion. Au petit matin, il rejoignit la « Basse Terre » et après avoir pris un grand café en ville, il remonta sur la « Pointe noire ». Le site portait bien son nom, car ses plages étaient composées de sable noir, aussi fin que de la poussière. Zoltan s’endormit épuisé sous un palmier. Il ne se réveilla que vers treize heures. Dédiant l’après-midi à la conduite, il était rentré à son hôtel en début de soirée et après s’être douché, il descendit dîner au restaurant de l’ « Arawak ». Il se commanda une énorme salade qu’il arrosa avec un bourgogne aligoté. A la table voisine était installée une ravissante jeune femme brune. Comme apparemment, elle dînait seule, Zoltan lui proposa sa compagnie. Elle accepta. Véronique était une brillante avocate de vingt neuf ans qui travaillait pour un grand cabinet parisien. Elle avait pris une semaine de vacances et elle était bien décidée à ne pas la passer seule. Bien qu’ayant un fiancé avec lequel elle devait se marier un mois plus tard, elle proposa à Zoltan de l’accompagner dans sa chambre ; histoire d’enterrer sa vie de jeune fille. Après tout, si loin de Paris, elle se disait qu’une petite escapade amoureuse n’était pas vraiment une infidélité. « Sea, sex and sun ». Zoltan passa donc plusieurs jours et bien sur, plusieurs nuits avec elle. Après une semaine de pur plaisir charnel, Véronique quitta Zoltan sans véritable regret, retournant à Paris pour retrouver son travail et sa vie de couple. De son côté, Zoltan avait téléphoné à Nathalie. - Zoltan ! Alors ! Raconte ! Comment se passe ton séjour ? - Bien, pour l’instant ! J’ai passé la semaine avec une charmante avocate ! Je viens tout juste de l’accompagner à l’aéroport ! - Ha ! Ha ! Tu n’as pas dû t’ennuyer ! - En fait ! Non ! Elle voulait enterrer sa vie de jeune fille ! - En plus ! Celles-là sont les meilleures ! Tu l’as bien rodée ? - Tu peux le dire ! Je t’avoue que cette semaine, je n’ai pas beaucoup dormi ! - Son futur mari doit s’impatienter ! - Je crois qu’il va d’abord devoir attendre qu’elle se repose de ses vacances ! - Ha ! Ha ! Ha ! Les cornes doivent lui pousser ! Au fait ! Tu as bien fait d’appeler ! C’est ce soir qu’aura lieu la grande soirée ! - Je sais ! J’avais noté la date ! - Il faut que tu sois là à vingt heures ! Tu as l’adresse ? - Oui ! Oui ! Tu m’as tout expliqué dans l’avion ! - OK ! On se retrouve là-bas, alors ! - Ca roule ! A tout à l’heure ! Lors de la grande soirée mondaine, organisée par le mari de Nathalie, Zoltan rencontra Françoise, une riche « Béké » célibataire de quarante ans. Propriétaire d’une société de textile que lui avaient légués ses parents, son entreprise ne fabriquait exclusivement que des vêtements traditionnels pour enfants, réalisés uniquement avec du véritable madras lyonnais. Elle importait spécialement le tissu de métropole, puis elle revendait ensuite ses propres créations aux boutiques locales. Elle proposa à Zoltan d’écouler en porte à porte, ce qui lui restait du stock de son ancienne collection, en lui avançant les articles à cinquante francs pièce. Tout ce qu’il gagnerait au-delà de ce palier serait du pur bénéfice pour lui. Or, Françoise avait omis de préciser qu’en début de saison, elle avait vendu aux hypermarchés de Guadeloupe, ces mêmes articles au tiers de la somme qu’elle lui proposait aujourd’hui, c’est à dire, seize francs hors taxe. Bien sûr, beaucoup de gens avaient déjà vu tout au long de l’année, la collection soldée en rayon à vingt cinq francs pièce. Zoltan s’en était aperçu également, alors qu’il faisait ses courses à l’hyper, car il en restait encore quelques uns dans les bacs. Il savait désormais, que vendre ces produits au-delà de vingt-cinq francs l’unité, n’était pas raisonnable, pour ne pas dire quasiment impossible. Pourtant, en un peu moins d’une semaine, il avait réussi à écouler en porte à porte, tous les vêtements cinquante francs pièce, ce qui était déjà une performance. Pensant encore pouvoir s’arranger avec elle, il rapporta à Françoise, près de vingt mille francs de chiffre d’affaire. Lui gardant malgré tout un capital confiance, il lui remit l’argent, mais au moment d’être payé, elle ne lui donna aucune commission, prétextant qu’il n’avait pas vendu les vêtements assez chers. Cette arnaqueuse ne voulait rien savoir à propos de la différence de tarif qu’elle pratiquait entre lui et les hypermarchés ! Sans se démonter, elle osa soutenir à Zoltan, qu’il était normal qu’il paye davantage pour ce produit, car en il en écoulait une quantité très inférieure à celle qui se vendait dans les hypermarchés. C’était bien évidemment un mensonge éhonté, car tous les vêtements vendus par Zoltan ne représentaient en réalité pour elle qu’une plus-value. Par cette pirouette ridicule, elle voulait éviter de lui payer son dû et ainsi garder tout l’argent pour elle. En réalité, elle lui devait la différence de seize à cinquante, c'est-à-dire trente quatre francs par article ; à savoir soixante six pour cent du chiffre réalisé ; soit au total presque quatorze mille francs. Même sûrement plus encore. Car comment donc cette profiteuse pouvait-elle prétendre lui vendre plus cher, un article dépassé ? Il faisait déjà partie de l’ancienne collection. Elle aurait normalement dû le solder encore bien au-delà de seize francs. Françoise prenait vraiment Zoltan pour un crétin. Bouillonnant intérieurement de prendre sa revanche sur cette malhonnêteté flagrante, Zoltan, qui avait cerné la personnalité de Françoise, fit mine de se résigner en se soumettant tout d'abord à cette décision inique. Il chargea à fond la « 104 », mais cette fois-ci, elle n’eut plus jamais de nouvelles ; ni de Zoltan, ni du stock de vêtements. Pour se dédommager de son travail, il s’était payé lui-même avec la camelote. Françoise avait eu les yeux plus gros que le ventre. A ses dépens, elle comprit trop tard que Zoltan était beaucoup moins idiot qu’elle ne le pensait. Blessée dans son orgueil, elle envoya son homme de main à sa recherche, pour le démolir et ainsi se venger de lui. Mais lors ce que le pachyderme retrouva Zoltan, il ne put que proférer de sérieuses menaces à son encontre, car ce dernier était entouré par trop de témoins. Si avant la fin de semaine, il ne rapportait pas à Françoise le stock ou bien l’argent, il finirait dans un caniveau. Nullement impressionné, Zoltan ne changea rien à sa décision. Il téléphona en outre à Nathalie, pour lui raconter ce qui s’était passé avec Françoise et lui faire part des menaces de mort qu’il avait reçu par l’intermédiaire de son sbire. Nathalie ne fut pas réellement surprise par ce que lui raconta Zoltan. - Elle ne changera donc jamais ! Tout travail mérite un salaire ! Question de principe ! Je pensais vraiment qu’elle respecterait le fait que ce soit moi qui vous ai présentés ! A présent, je me sens responsable de ce qui t’arrive ! Elle sait pourtant que tu es mon ami ! Qu’est ce que c’est que cette façon de menacer les gens ? Cette fois, elle a complètement pété les plombs ! Ne t’inquiètes pas ! Je vais immédiatement prévenir mon mari ! Je te garantis qu’elle va s’en rappeler ! - Voyons ! Ce n’est pas ta faute, si cette bonne femme a complètement disjoncté ! A mon avis, elle est seulement motivée par l’avidité. Elle se prend pour la femme de « Scarface » ! Ne t’inquiètes pas ! On se tient au courant ! - Fais quand même attention à toi ! En Guadeloupe, les rencontres se faisant très facilement, Zoltan fit la connaissance de Michel, le fils aîné d’une riche famille Libanaise, propriétaire d’un restaurant « fast-food » de la « Marina », ainsi que de plusieurs boutiques réputées de Pointe-à-Pitre. Estimant lui aussi, que Zoltan avait agi dans son droit, il lui avait offert protection et travail. A présent dans le cercle du clan des Libanais, Zoltan était vraiment devenu intouchable. Le point d’eau potable le plus proche se trouvait sur le port, à six cent mètres du « fast-food », qui n’avait ni eau potable, ni électricité. En échange d’un sandwich et d’une bière, un jeune clochard marseillais, échoué ici depuis un an et ayant élu domicile sur un banc public, se chargeait chaque jour de la corvée d’eau, à l’aide d’une brouette lestée d’énormes jerricans. Il portait à son poignet droit, un bandage noir de crasse, qu’il n’avait pas changé depuis deux mois. Jambes croisées tel un aristocrate, après son unique effort quotidien, la brave cloche dégustait tranquillement son déjeuner. Après avoir rempli d’essence le réservoir du générateur électrique qui fonctionnait vingt quatre heures sur vingt quatre, Zoltan réassortissait en boisson les frigidaires, préparait la pâte à crêpe sucrée et salée, coupait la salade, les tomates et les oignons, dans de grands bacs en plastique prévus à cet effet, dégraissait la viande et la faisait tremper deux heures dans de la moutarde forte, mélangeant les fines tranches de veau avec de nombreuses épices aromatiques, spécialement importées du Liban, puis il l’embrochait sur le pic de la rôtissoire, qui tournait doucement grâce à son petit moteur électrique, faisait la vaisselle, nettoyait les tables et les chaises, balayait le sol et enfin faisait le service et encaissait l’argent. Devenu naturellement responsable du restaurant de Michel, travaillant quatorze heures par jour, son salaire ne suivait pourtant pas vraiment. Quand il faisait le calcul, il gagnait à peine trente francs de l’heure. C’était du vol. Alors, il décida de se servir dans la caisse en se payant lui-même. Il s’octroya un salaire journalier de mille francs, ce qui représentait à peine dix pour cent du chiffre d’affaire. A présent, c’était honnête, se disait-il ! - « Eh bien ! Décidément, ces Guadeloupéens sont d’incorrigibles radins invétérés! » Tous les matins, pour se mettre en forme, Zoltan avait pris l’habitude de nager jusqu’à « l’îlot du Gosier », sur lequel une petite barque à moteur faisant la navette, emmenait les visiteurs plusieurs fois par jour. A une distance de plus de mille mètres et avec un fort courant dérivant, peu de personnes tenaient la distance. Une jolie jeune femme, pourtant, réussissait quotidiennement cette performance. Sylvie était une institutrice divorcée. La semaine que Zoltan avait passée avec Véronique ayant dangereusement amputé ses réserves d’argent, il fut contraint à contre cœur, de renoncer à son studio de l’hôtel « Arawak ». Certainement par complicité athlétique, Sylvie lui proposa en échange d’un loyer de deux mille francs par mois, de partager sa grande maison au « Gosier ». Cela restait une bonne affaire, car en Guadeloupe, les loyers sont bien plus élevés qu’à Paris. Sylvie vivant avec ses deux enfants, d’un commun accord, ils décidèrent de ne pas avoir de rapports sexuels et de rester simplement amis. Délaissant son travail et ne venant au restaurant que pour récupérer l’argent, Michel se doutait bien que Zoltan se servait régulièrement dans la caisse, mais il laissait faire, sachant paradoxalement que celui-ci était sous-payé ! L’un dans l’autre, il restait quand même gagnant, ne pouvant d’autre part rien faire contre ce dernier, car tous les Libanais respectaient Zoltan qui travaillait énormément. De plus, Michel ne pouvait pas surveiller le restaurant, car il préférait sortir faire la fête avec ses amis, dépensant tous les soirs des fortunes en « Crack », une drogue locale à base de Cocaïne. Chauffé dans une cuillère avec de l’ammoniaque ou du bicarbonate et très prisé en Guadeloupe, le caillou de « Crack » se fume à l’aide d’un doseur de pastis en verre, ou bien dans une petite pipe métallique. Euphorisant généralement les esprits, la réaction chimique exacerbe en outre les capacités sexuelles. Les caractères de nature violente, deviennent agressifs, voire très dangereux et sont prêts à faire n’importe quoi pour en avoir toujours plus. Les esprits faibles de nature deviennent quant à eux de vraies loques. Etant lassé par les réflexions répétées et son attitude croissante de mépris, Zoltan ne souhaitait plus rester dans l’entourage malsain de Michel. Pendant son service, il avait rencontré Hans, un pécheur Allemand qui repartait prochainement en haute mer et qui lui proposa de l’accompagner lors de sa prochaine expédition. « Rustine », le bateau sur lequel Hans travaillait, était un chalut de dix mètres de long. Zoltan fut présenté à Charlie, capitaine du vaisseau, métis de père Italien, de mère Antillaise et formé en Bretagne au métier de pêcheur. Charlie mesurait près de deux mètres de haut et il portait un revolver au ceinturon. Comme il avait besoin d’urgence d’un quatrième marin, il accepta Zoltan à son bord. Le navire avait quitté la « Marina » à dix sept heures. Il s’engageait dans la rivière salée qui séparait la basse terre de la grande terre. Après avoir contourné la barrière de corail, « Rustine » filait maintenant à près de douze nœud, prenant d’abord le cap de St Martin, pour se diriger ensuite vers le grand large des Bermudes. A bord, les conditions de vie étaient spartiates. La nourriture, composée essentiellement de soupe de racines de manioc, était améliorée de poissons pêchés pendant la journée et d’un peu de rhum. La nuit, complètement extenué, Zoltan n’avait aucun mal à trouver le sommeil malgré la promiscuité et les ronflements. Les quatre minuscules couchettes du bateau permettaient aux marins de rester dix jours en mer. A l’aide de ses jumelles, Charlie essayait de repérer des oiseaux, car ceux-ci faisaient partie d’une micro chaîne alimentaire. Trouver des oiseaux en pleine mer, signifiait en général qu’un bout de corde, ou un morceau de bois n’étaient pas très loin. Ceux-ci colonisés par le plancton, annonçaient les bancs de poissons. En haute mer, tous les êtres vivants recherchent de la nourriture. Le plancton est mangé par les petits poissons. Ces derniers sont mangés par les poissons de taille moyenne, qui sont eux-mêmes mangés par les gros poissons. En bout de chaîne, à bord du chalut, les marins pêchaient à la traîne. Le système consistait à traîner un morceau de chair pour attraper un premier poisson. Lors ce que cela mordait, il fallait complètement stopper le navire et sans sortir le poisson hors de l’eau, ramener celui-ci près de la coque du bateau. Pensant que celui-ci avait peut être trouvé un peu de nourriture, les autres poissons du banc venaient retrouver leur congénère. Ensuite, il ne restait plus qu’à jeter des appâts dans l’eau, harponner le plus de poissons possible et les hisser à bord. Le travail sur le bateau était très dur. Le lever se faisait à quatre heures et le coucher à vingt deux heures. La vie à bord ressemblait aux travaux forcés d’une prison, dont les barreaux étaient de l’eau à perte de vue. De toute son existence, jamais Zoltan n’avait connu un métier aussi éprouvant. C’était vraiment pénible. Un matin, Hans avait reçu un coup de poing de Charlie, car une dorade s’était décrochée de sa ligne, laissant filer tout le banc. Mais l’après-midi il rattrapa son erreur et le capitaine retrouva sa bonne humeur. En une semaine, « Rustine » avait emmagasiné dans ses cales, près de quatre cent cinquante dorades d’environs dix kilos chacune. Celles-ci se vendraient au port, cinq cent francs pièce. Alors que Zoltan ramenait un thon de cinq kilos à bord, un énorme requin blanc s’était jeté hors de l’eau. Il était plus gros que le bateau. On le différenciait de la baleine à son aileron vertical. « Rustine » avait failli chavirer. Les marins s’agrippaient à ce qu’ils pouvaient pour ne pas tomber à l’eau. - Attention ! - Accrochez-vous ! - Merde ! Il est énorme ! - Lui aussi, il fait partie de la micro chaîne alimentaire ? - Oui ! Il se nourrit du plancton, mais il est inoffensif pour l’homme ! - Celui-là fait au moins quinze mètres ! Le requin baleine ne réapparut plus. Par superstition, le capitaine avait décidé que la pêche était terminée. Après avoir mis le cap sur la « Marina », Charlie avait proposé à Zoltan de tenir la barre, ce qui n’était pas une tache facile, car avec le tangage, il fallait sans cesse redresser le bateau. Avec ses deux moteurs diesels, « Rustine » filait de nouveau à près de douze noeuds. Le chalut se trouvait à plus de trois cent miles au large et il lui faudrait encore deux jours pour rentrer au port. Lorsque Zoltan posa le pied sur la terre ferme, le sol semblait chavirer de gauche à droite. En dix jours de mer, son cerveau s’était habitué au tangage et il lui fallut presque deux jours pour se réadapter. Cette expérience en mer avait été vraiment unique. Elle l’avait endurci plus que jamais. Chapitre II. La sixième voie. Pour fêter son retour sur la terre ferme, Zoltan choisit de passer la soirée au « Paradise » de St Anne, sans doute la meilleure boite de toute la Guadeloupe. La piste de danse, donnant sur une terrasse extérieure avec piscine, composait une ambiance géniale. Zoltan savait que les plus belles vendeuses de la plage de St Anne, viendraient toutes s’éclater dans cet endroit après leur travail. En se dirigeant vers l’entrée, il croisa un Antillais, qui s’était installé avec sa glacière devant la boite de nuit, pour vendre du « ti punch », un cocktail local à base de Rhum et de citron. Zoltan échangea amicalement quelques mots avec le jeune « black ». Ce dernier lui apprit qu'il était étudiant à l'école de commerce et qu'il se faisait un peu d'argent de poche de cette manière pour survivre. Le patron du « Paradise », « Métro » blanc, était arrivé en Guadeloupe deux ans auparavant avec toutes ses économies. Bien décidé à faire fortune, il tenait son commerce d'une poigne de fer, avec la mentalité française. Son videur l’avait prévenu qu’un individu, tentait de vendre de l’alcool devant la boite. Furieux, il sortit en courant et il donna un coup de pied dans la glacière du jeune Antillais sans réellement réfléchir aux conséquences de son geste. Ensuite, il retourna tranquillement à l’intérieur, afin de servir ses clients. La réaction ne se fit pas attendre. A peine un quart d’heure plus tard, un géant noir se présenta au bar. Il cherchait le tôlier de la boite, bien déterminé à en découdre avec lui et venger son ami sur le champ. - Arwha, p’tit mâle ! Cé twa ka shooté la glacièr’ ? - Ton ami n’a pas le droit de vendre du Rhum à mes clients ! Le géant ne voulut pas en entendre davantage. En moins d’une seconde, il attrapa une bouteille qui se trouvait sur le comptoir, la cassa contre son bord et l’enfonça dans la figure du pauvre diable. Pendant que le malheureux était emmené d’urgence à l’hôpital de « Boissard », tous les amis du géant étaient venus lui prêter main forte. Equipés de jerricans d’essence, ils mirent le feu à la boite. Le « Paradise » brûlait comme un feu de paille. Au matin, il n’en restait plus rien. Zoltan n’en croyait pas ses yeux. En une nuit, le fabuleux « Paradise » avait été détruit à cause d’une glacière ! Les videurs de la boite de nuit n’avaient rien pu, ni voulu faire pour l’en empêcher. Quelques gendarmes étaient bien venus sur les lieux, mais par crainte de représailles, personne ne donna l’identité des agresseurs. Après avoir été recousu, son propriétaire fut prudemment rapatrié en Métropole. L'affaire quant à elle fut classée sans suite. Son appétit aiguisé par cette longue nuit mouvementée, Zoltan décida de manger un morceau à la « Marina ». A cette heure tardive, il pensait déguster un « chawarma » chez Michel, car c'était le rendez-vous nocturne incontournable des guadeloupéens, pour se remplir l'estomac à peu de frais. Alors que de bon cœur, Zoltan avalait une première bouchée de viande, discrètement, un ami libanais qui se trouvait là, lui conseilla fortement de se débarrasser du sandwich. Sammy avait entendu Michel comploter dans sa langue maternelle. Avec sang-froid, celui-ci bien déterminé à se venger de sa démission, avait lâchement empoisonné le « kebab » de Zoltan, qui courut sans tarder au pub le plus proche, afin d’y boire un litre de lait, un anti-poison de fortune. Effectivement, quelques minutes plus tard, il s’enferma une demi-heure dans les toilettes, souffrant d’une diarrhée mémorable. - « Foutue soirée ! » Il était environ trois heures du matin, quand Zoltan gara sa voiture sur le parking de la plage de St Anne. Allongé sur le sable, il s’immergea dans la contemplation de la lune et des étoiles qui éclairaient le ciel. A peine eut-il fermé les yeux, qu’il fit un rêve étrange. Il rêvait qu’il dormait sur cette plage, mais tout en rêvant, il restait conscient. Alors, rêvait-il vraiment ? Il n’aurait pu l’affirmer complètement. Zoltan maîtrisait totalement sa perception. Il flottait au dessus des cocotiers. Il se voyait allongé le dos contre le sable, quelques mètres plus bas. Son esprit avait-il quitté son corps ? En tout cas, il était aussi conscient que lorsqu’il était éveillé. Il se retrouvait bel et bien au-dessus de lui-même, mais debout et légèrement penché vers l’avant, dans le sens inverse et opposé. Il ne sentait plus le sol, pourtant, il ressentait parfaitement chacun de ses membres. De plus, il les voyait clairement au-dessous de lui, mais surtout, il était conscient de les voir. Une question fondamentale obsédait néanmoins Zoltan. S’il restait conscient dans son rêve qui lui semblait réellement réel ; à l’inverse, la réalité était-elle réellement réelle ? - « Comment est-ce possible ! » « Je me vois ! » « Je suis couché sur la plage ! » « Et pourtant, mon esprit est séparé de mon corps ! » « Je vole ! » « Je décide de quelle direction je vais prendre ! » « Puis-je aller sur ma droite ? » « Je le peux ! » « Sur ma gauche ? » « Egalement ! » « Qu’est ce qu’il m’arrive ? » « Est-ce ça la mort ? » « Ce doit être le poison ! » « J’ai peur d’être mort ! » Tétanisé, Zoltan écarquilla ses yeux. Il s’était brusquement réveillé et il pouvait sentir le sable chaud sous son corps. A nouveau sur la terre ferme, il regardait les cocotiers, mais cette foi ci, du dessous; ceux-là même, au-dessus desquels il s’était trouvé un instant auparavant. A présent, il pouvait voir leurs pieds enracinés dans le sol. Que lui arrivait-il donc ? Prenant conscience qu’il n’était pas mort et qu’il pouvait revenir dans son corps, il avait refermé ses yeux instinctivement et il s’était retrouvé instantanément éjecté hors de celui-ci. Sans comprendre ce qu’il lui arrivait, il se voyait à nouveau, au-dessus de lui-même. - « Ca recommence ! » « Merde ! » « C’est complètement invraisemblable ! » « Alors ! » « C’est vrai ! » « L’âme existe donc bel et bien ! » Zoltan voyait clairement sa voiture garée sur le parking de la plage. Un petit immeuble se dressait juste à côté. Comme magnétisé par celui-ci, tel un fantôme, il traversa son mur et se retrouva instantanément à l’intérieur d’un appartement dont la pièce principale était occupée par trois esprits installés dans le salon. Un homme et deux femmes. Tandis que tels des chats faisant une sieste profonde, un couple s'enlaçait sur le sofa, la femme seule se prélassait, trônant sur un énorme fauteuil en cuir sombre. Alors que Zoltan traversait la pièce, elle enlaça son bras autour du sien. Détail sans importance, c'est seulement à ce moment précis qu'il prit conscience de sa propre nudité. Il réalisa que la pudeur du monde physique, était un complexe artificiellement créé par la société, pour mieux asservir l'apparence des castes. Son âme, dépourvue de toute laideur, ayant pourtant gardée la forme exacte de son corps, n'était visible qu’avec les yeux de son esprit. En repoussant poliment les tendres avances de la belle, la femme relâcha doucement sa main. Irrésistiblement, il se dirigeait vers la chambre qui se trouvait au fond de l’appartement. Dans celle-ci, une troisième femme était allongée sur un lit à baldaquins. Apparemment, elle s'était volontairement retirée et patiemment, elle l’attendait pour lui faire l’amour. En pensant l’un à l’autre, ils s’échangeaient des impressions, se livrant à des plaisirs métaphysiques. La mémoire subconsciente de leurs sens étant intacte, leurs âmes conservaient le parfait souvenir de leurs corps. En parfaite osmose et sans retenue, ils se comprenaient hors de toute limite. Zoltan réalisa enfin, que la jouissance était inhérente à l’âme, alors que l’amour, bien chimérique, ne provoquait que l’altération destructrice, subordonnée par les relations égoïstes entre les êtres. Les liens du coeur provoquant les pires souffrances, l’éternité n’a nul besoin de servitude. Lors ce qu’il quitta sa partenaire, elle ne chercha pas à le retenir. Zoltan traversa à nouveau le mur de l’immeuble et après avoir survolé le parking ou était garée sa voiture, il retourna à son corps charnel. Celui-ci était toujours allongé sur la plage, à côté des cocotiers. - « Mon corps est toujours là ! » « Couché sur le sable ! » « J’essaie d’aller plus haut ! » « Je ne peux pas ! » « Quelque chose me retiens ! » « Je ne peux pas aller à plus de dix mètres du sol ! » « Je veux aller plus loin ! » « Je l’exige ! » En comprimant la volonté de son esprit, Zoltan perdit totalement le contrôle de ses décisions. Il était aspiré à la vitesse de la lumière, dans un voyage ou il n’avait plus aucun pouvoir décision. Il devenait le spectateur conscient d’un autre lui-même, qui appartenait à un autre univers. Dans ce monde, c’était la guerre. Tout autour de lui, la mort et la désolation régnaient en maîtres. Depuis des millénaires, des anges se livraient une bataille sanglante. Bien qu’ils n’avaient pas d’ailes, ceux-ci avaient le pouvoir de voler. Demi-dieux, en utilisant leur volonté, ils arrivaient à matérialiser leurs pensées. La guerre avait commencée à cause d’un archange qui s’était rebellé. Il ne voulait plus servir son maître tout puissant. Assoiffé de liberté, il ambitionnait d’utiliser à son profit personnel, les miraculeux pouvoirs, dont il était investi par son créateur. Dans sa désertion, celui-ci avait entraîné plusieurs légions félonnes. Pour les punir de leur désobéissance, leur maître les avait ainsi condamné, à errer éternellement dans ce monde, qui leur servait de prison. Leur enfer serait de ne jamais plus connaître les beautés de l’univers infini. Bien que les anges séquestrés conservaient tous leurs pouvoirs, ils étaient cloués au sol par une force mystérieuse. C’était comme une sorte de plafond invisible, qui les empêchait de décoller. Afin de se soustraire à cette maudite attraction, ces derniers avaient matérialisés d’immenses minarets, grâce auxquels ils espéraient grimper jusqu’au ciel et ainsi échapper à la gravitation. Mais des légions fidèles au maître, les repoussaient inlassablement vers leur geôle éternelle. De violents combats avaient lieux dans les étages supérieurs des tours. Insensibles au mystère qui retenait au sol leurs adversaires, les geôliers gardaient le dessus, prenant les prisonniers à revers. L’un de ses semblables, étant blessé sur le flanc et ne pouvant plus bouger, Zoltan évita les flèches qui arrivaient de toutes parts et le souleva dans l’éther pour le déposer à l’abri, au sommet d’un beffroi. Aux étages inférieurs, la bataille faisait rage, mais le voyage était déjà fini. Aussitôt, Zoltan fut aspiré par l’infini. Le retour dura à peine plus d’une seconde et il se retrouva instantanément réveillé par la cohue de la plage. Instinctivement, il regarda sa montre. - C’est incroyable ! Irrationnel ! Etait-ce un rêve ? Pourtant ! Cela semblait si réel ! Il n’était partit que quelques minutes dans ce monde en guerre et il était déjà dix heures du matin. Son esprit n’avait jamais été aussi clair. Même quand on dort inconsciemment, la nuit semble longue; mais cette nuit n’avait duré que quelques instants. Pourtant il s’était écoulé sept heures. Du moins six heures trente. Car il se souvenait encore fort bien de ce qui était arrivé dans l’immeuble. Il pouvait consciemment le mesurer à une demi-heure. C’était comme s’il avait rechargé toutes ses batteries à bloc. Zoltan courut à sa voiture, pour saisir le bloc note qui se trouvait dans la boite à gants. Il fallait absolument qu’il écrive. C’était plus fort que lui. Une force invisible dirigeait sa main. D’un trait de crayon, il rédigeât une suite d’alexandrins. Poème qu’il intitula : Le vol du météore Je n’étais qu’un enfant alors, mais à mesure Que le Soleil levant, rendait ma raison mûre, Comme des rayons d’or sur la Lune semés, Je remplissais en moi les sillons consumés. En écoutant la voix qui ne me parlait pas, Je frayai le chemin qu’emprunteraient mes pas. Dans un silence fou, apercevant son dais, J’apostrophais Dieu, mais nul ne répondait ! Je n’aurais pas laissé une seule seconde, A ces moments perdus dont se meure le monde. J’avais brûlé mon sang, à ce feu de mon cœur, Sacrifiant le jour, cherchant une lueur. Je ne sais quel instant profond de vérité ? M’emmenait d’une idée vers ce lieu lacté ! Etait-ce un souvenir aveugle de l’amour, Qui pour un tel effort justifia le tour ? Etait-ce qu’exaltant mon âme jusqu’au culte, Je craignis que le sol ne lui fût une insulte ? Au prix de ce bonheur, que mille fois je meure ! Car je vis mille fois en de pareilles heures ! Les heures que pourtant demandait le séjour, Sur des nuages blancs, chevauchant le contour, Assaillirent mes flancs en un large soupir ! Je compris qu’à présent j’allais m’épanouir ! Par un fil dans les yeux, épousant les ténèbres, Mon nombril se rivât au fond de mes vertèbres Et des deux bords du temps, inspira ma pensée, De ces liens du corps enfin débarrassée. Emportés par le vent, je percevais les ondes, Couvrant l’éternité d’interminables rondes ; Mes ailes de lumière en séant à mon âme, Eclipsaient à mes sens le néant qui se pâme. A l’arrêt temporel, d’éden redescendu, Avec un sentiment de paradis perdu, A présent, le passé de telles destinées, Marie mon souvenir aux images innées. Parfois, se retrouvant en terrain imprévu, Un seul coup d’oeil connaît ce qu’il n’a jamais vu Et dans la certitude ou le réveil le plonge, Invisible des yeux, l’ut visité en songe ! Qand le chant sidéral, haï de la ténèbre, Au pays de l'azur et des rêves d'orphée, Prédéstine l'aurore à ce héros célébre, Cet Y échéant de son sein le trophée. L'artifice funèbre éblouis du matin, Ecoute en ces lieux l'ode mélodieuse, Déchirant en lambeaux sa robe de satin, Pour aller célébrer la voix silencieuse. Ainsi l'étoile acouche un jour emerveillé, Du temps prenant sa part, à la vie amoureux, De sa belle maîtresse au joug ensoleillé, Ephemère rosée sur le sol vaporeux. Longtemps pourtant la fleur apres que le déluge, Enhivré et lassé de ce vin et d'amour, Oubliant d'investir un semblant de refuge, Echape la pensée vétue de ce velours.TIME IS EVERTIME IS A SECRETLa suite au prochain ........
je veux et j'exige que chacun cherche son chat chez ce cher Serge.
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